La clé de sa serrure

Dernièrement j’ai subi quelques troubles dans ma compréhension des messages que m’envoyait Merveille. Perturbé par la naissance de son petit frère, le départ de l’appartement où il avait toujours vécu et connaissait comme sa poche, le déménagement en lui-même qui entraîne une absence totale de repère (en dehors des entités parentales qui sont les éléments cruciaux pour un enfant), l’entrée en maternelle a été la goûte qui a fait déborder le vase pour lui. L’élément de trop : on lui enlevait sa maman de 8h20 à 16h20 quatre jours par semaine plus le mercredi matin. Pire, je restais à la maison avec le petit frère pendant ce temps là, et me « débarrassais » donc de lui à l’école chaque matin.

Merveille et moi qui avons toujours eu un lien que je décrirai de fusionnel. Il a donc dû croire dans sa petite tête que l’élément de base de son monde (sa maman) lui tournait le dos. En est ressorti les crises de furie dont je parlais ici, qui me laissaient perplexe sur la réponse à leur donner.

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Puis j’ai finalement compris

Compris que mon fils hurlait son besoin de présence maternelle au travers de ses « Je ne veux plus te voir Maman ! », s’insurgeait de ces « abandons volontaires » répétés avec ses poings pour me faire comprendre physiquement la force de sa douleur émotionnelle, refusait notre autorité à nous qui « refusions » sa présence à la maison en l’envoyant à l’école. Chaque retour d’école était le théâtre d’une nouvelle crise. Mais comprendre n’aide pas forcement à trouver la solution approprier. Savoir qu’il y a une serrure ne nous fourni pas la clé pour autant.

Il faut réussir à écouter, voilà la clé

Tout d’abord par ses habitudes comportementales. Quel moyen de communication passe le mieux avec lui ? Le visuel ?! Qu’à cela ne tienne, j’ai mis en place le thermomètre à comportement. Ça à considérablement réduit ses crises. Nous sommes passés de tous les jours à 2 en 3 semaines. Lorsqu’il se maîtrise en se contentant de bouder au lieu de s’enfermer dans sa bulle de colère, il voit son effort reconnu et valorisé par le biais d’un post-it vert coller sur le tableau. Nous sommes fiers, mais le plus important : il est fier de lui.

Puis lorsqu’une crise survient malgré tout, il faut réussir à ne pas se braquer face aux attaques de son enfant, mais au contraire lire en elles. Et Dieu sait que c’est ultra difficile. Je m’en suis terriblement voulue d’avoir cédé tout le mois dernier à cause de la fatigue, de l’épuisement moral aussi (j’en parlais ici). Mais lorsque nos enfants nous disent « Je ne t’aime plus maman« , entendez « Je t’aime de tout mon cœur Maman mais ça fait mal« .

Le préféré de Merveille était « Je ne veux plus te voir !« , mais si je faisais mine de partir pour le laisser se calmer, tout l’inverse se produisait et sa colère redoublait. Je lui ai donc demandé : « Veux-tu vraiment que je te laisse ? Car moi j’ai envie de rester mais si tu préfères être seul pour te calmer, je respecterai ton choix ». Il ne m’a pas répondu verbalement mais j’ai distinctement entendu sa réponse que j’ai verbalisé tout haut « Il est difficile de dire « oui » quand on est en colère. Comme tu ne m’as pas dit non, je prend ça pour un oui et resterai donc auprès de toi le temps que tu te calmes. ». Avoir formuler tout haut ce qu’il ressentait lui a permis de le dire à son tour « Oui je veux que tu restes maman« . Et sa crise s’est calmée dans les 5 minutes qui ont suivi.

Il faut aussi savoir repérer les signes à moyen terme. Plus récemment, toute la semaine passée, chaque matin lorsque je réveillais Merveille, sa première action était immédiatement de réclamer son père « Il est où mon Papa ? Pourquoi il n’est pas là ? Il revient quand ? Je veux le voir maintenant !« . Mais le soir c’était plutôt la confrontation avec son Papa. Jusqu’à mercredi où la confrontation gentillette a débouché sur une bonne crise à l’ancienne. Le Papa énervé de peine de savoir que son fils avait été charmant toute la journée et lui avait réservé la crise pour son retour, faisait exprès d’attiser sa colère, sans chercher à la comprendre. Inquiété par les pleurs bruyants de son grand-frère, Lumière s’est mis à pleurer. Je l’ai donc pris dans mes bras et ai entendu à ce moment précis les sanglots de Merveille doubler d’intensité. Immédiatement j’ai compris ! Je suis allée vers lui et son père et lui ai tendu le bras qui me restait de libre. Il n’a eu aucun signe de recul donc clairement il voulait de ce câlin mais attendait que je vienne jusqu’à lui.

(Être l’intermédiaire) Cependant la blessure était à la base entre le papa et le fils, et aucun ne pouvait aller vers l’autre à cause de leur blessure mutuelle (le père d’être rejeté en rentrant le soir, et le fils que son père ne lui consacre pas de temps le soir alors qu’il le réclame constamment). J’ai donc compris que je pouvais servir de médiatrice, faire un pont de neutralité entre la colère des deux pour les relier l’un à l’autre. J’ai donc posé Lumière dans un bras du papa, Merveille dans l’autre (qui a commencé à se rebeller en affirmant « Non, je ne veux pas faire de câlin à Papa ! », puis j’ai entouré tout le monde dans mes bras pour un gros câlin familial. Aussitôt Merveille s’est apaisé. Je lui ai demandé s’il était calmé, il m’a répondu que oui et s’est aussitôt tourné vers son père pour lui faire un bisou et lui demander pardon. J’ai ensuite pris le papa entre 4 yeux pour lui expliquer gentiment qu’il ne devait pas s’étonner que son fils soit en colère après lui vu qu’il ne lui consacrait jamais de temps pour jouer, quand Merveille espérait vainement que le contraire se produise chaque soir.

Le lendemain soir, quand Prince charmant est rentré, il est allé jouer avec Merveille dans sa chambre et la soirée s’est passée sans une seule anicroche.

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